Tout ce site est une spéculation grotesque sur le jambon cuit. Sa démarche est totalement opposée à l’idée qu’une idée puisse être une idée inactuelle, que c’était déjà comme ça auparavant pensez-vous et que ce le sera toujours. Une spéculation grotesque sur le jambon cuit n’apporte rien à la somme du savoir même si entre les technologies de la viande et le bien-être animal nos recherches ont tâché d’être précises et fournies. Mais de toute façon c’est un fait que tout le monde sait depuis longtemps, l’industrie agroalimentaire c’est l’horreur, ses processus comme ses produits. Ses capitalistes sont des bâtards qui vivent sur la violence et de la violence selon les règles qu'ils ont historiquement imposées. On sait parfaitement que l’industrie de l’abattage est une horreur expansée, pour les animaux, pour les travailleurs et pour les consommateurs. Sur ce site internet, il ne faut pas s’y tromper, rien n’est à apprendre et rien ne doit choquer. Tout se veut par contre un peu brutal. C’est une spéculation grotesque et brutale. Ce qui est proposé est la matérialisation spéculative d’un fait empirique. Et pour le matérialiser dans la limitation de son orbe aussi serrée que nos moyens nous ont donné la force de tracer, nous avons utilisé des idées qui, comme on le sait, ne sont rien d'autre que des muscles, des images, des ressources qui ont déjà été utilisés et dont les rouages sont déjà connus, des éléments et des petites parties qui composent cette chose qui est faite. Ce fait, comme un produit transformé peut l’être, est un jambon cuit entier de 5 KG suintant et odorant.

 

Comme écriture, nous avons essayé d’utiliser à la manière d’un pastiche le style de l’ésotérisme magique. « Ce point est de la plus haute importance. » Déjà parce que les rayons ésotériques des bibliothèques sont presque aussi fournis que n’importe quel autre rayon de bibliothèque. Beaucoup de gens les lisent, parlent d’infra-communication ou de méta-sensation, caressent des pierres et se font tout petits sous la pleine lune. Ensuite parce que certains de ses représentants ont bonne presse comme Rudolf Steiner, et parce que l’ésotérisme a ceci de frappant qu’il pose des certitudes. Un ouvrage ésotérique pose un système du savoir et l’applique largement. Il sait. Nous tous qui rédigeons croyons pour notre part que cette tendance-ci au savoir est la plus grande limitation de l’esprit. La pratique est magiquement confondue à la théorie, le savoir est réalisé dans le monde et la recherche de la vérité est le polissage de deux ou trois croyances enracinées qui ne sont finalement rien d'autre que l'émotion maniaque que peut avoir une pensée tournée vers elle-même. Pour cette raison l’ésotérisme est proche de la phrase publicitaire, il propose un succulent de phrases complètement hallucinées, ampoulées, prétentieuses et complètement rafraîchissantes. En vérité, il permet une chose, c’est de décider des choses à la place de celui qui s’interroge. Oui. Penser par soi-même, oui, faire fonctionner son jugement, oui. Mais, mes compétences ne sont-elles pas limitées pour certaines questions ? À cet égard l’ésotérisme remplit cette limite de manière tout simplement fantastique sous le mode d'une politique de l’absolu. C’est sous son aspect littéraire et sur sa position d’écriture que nous avons emprunté quelques-unes de ses manières de faire.

 

La dernière raison qui décida de ce travail tient aux procédures de véridiction et aux relations que nous entretenons avec la vérité. Les cochons enfermés, nous l’avons vu, développent des vices, ils se mordent les uns les autres la queue. Donc, on leur coupe la queue et on leur lime les dents. Mais quel est un vice intellectuel ? À quel moment et pour quelles raisons les recherches philosophiques et scientifiques débordent-elles vers le conseil de vie et à quel moment croit-on que se soucier d’éthique revient à se soucier de son propre bien être sous un ton empreint de profondeur façon yogi et non pas à poser la question de ce qu’on peut faire pour un collectif ? Oui, les cadres et les gens éduqués ont, semble-t-il, majoritairement abandonné l’idée de servir le commun. Et sans parler du personnel politique qui ne vit que comme et de la mafia. Toute la démarche de ce site se fonde sur ce point. Tout de la construction de son raisonnement est grotesque. Ce qui veut dire que la finalité du raisonnement est suffisamment claire : un jambon cuit est un produit transformé qui, en tant qu'extra produit transformé, nous aide à développer les catégories permettant de comprendre la transformation de tout produit transformé. Cette question est le grotesque de notre démarche mais reste sérieuse. Ce subterfuge permet de voir ce qu’il faut de tromperie, de mort, de rationalisation spécieuse, d'infrastructures dissimulées, de savoirs insoupçonnés pour élaborer un beau jambon cuit que le boucher-charcutier du marché ou de l’hypermarché empoignera avec force en se mettant des restes de saumure plein les mains. Il n'en est peut-être rien d'autre pour la culture. Ce faisant, oui, au milieu des fake news, des procédures éditoriales qui cherchent les auteurs de la phrase choc et des industries qui soudoient des chercheurs, du manque de rapport entre le pouvoir savoir et le pouvoir de décision, du fait que d'être une figure de l'intelligence collective vient à partir du moment où l'on dit dans une affirmation creuse "tout = x" tandis que d'autres trouvent ça plein de sens, il semble important de ne pas croire spontanément à la force de l’intelligence et de s’en moquer un petit peu, car elle est précieuse. Regardez-les, tous sont convaincus.

 

 

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